Rappel d’une partie des origines du conflit russo-ukrainien actuel

L’Ukraine et la promesse constitutionnelle d’entrée dans l’OTAN.
Si l’Ukraine entre dans l’OTAN, la guerre contre la Russie semble inévitable.

rappel dune partie des origines du conflit russo ukrainien actuel

Le jour suivant la signature du protocole d’accession à l’OTAN de la Macédoine du Nord comme trentième membre, signature faite le mercredi 06 février 2019, le gouvernement corrompu d’Ukraine a accompli un acte sans précédents: il a inclus dans sa Constitution, l’engagement à adhérer officiellement à l’OTAN, et simultanément, celui d’entrer dans l’Union européenne.
Le 07 février 2019 donc, sur proposition du président Petro Porochenko – l’oligarque ultra-corrompu (évasion fiscale dans les îles Vierges, scandales des Panama Papers et des Paradise Papers) qui s’est enrichi avec le saccage des propriétés publiques, et qui est à nouveau candidat à la présidence – , le parlement de Kiev a approuvé – par 334 voix contre 35, et 16 absents – les amendements en ce sens, amenant à la modification de la Constitution.
Le Préambule énonce “le cours irréversible de l’Ukraine vers l’intégration euro-atlantique” et les Articles 85 et 116 décrètent qu’un devoir fondamental du parlement et du gouvernement est ”d’obtenir la pleine appartenance de l’Ukraine à l’OTAN et à l’U.E.”. L’Article 102, pour sa part, stipule que “le président de l’Ukraine est le garant du cours stratégique de l’État pour obtenir la pleine appartenance à l’OTAN et à l’U.E.”.

Se faisant, ce pouvoir sous influence suit la provocation de 2008 du président américain George W. Bush – fils – confirmée par le président suivant, Barack Obama – , dans une volonté belliqueuse d’intégrer la Géorgie et l’Ukraine à l’OTAN, rejetant ainsi tout accord de paix et de détente passé entre l’ancien bloc de l’Est et la coalition de l’OTAN, et met fin aux accords de Minsk – Minsk 1 et Minsk 2 – .
Plus grave encore, il engagerait aussi l’OTAN dans une issue sans retour, pérennisant toujours plus cette organisation qui aurait dû disparaître avec la chute du mur de Berlin, suivant l’engagement officiel du président George H. W. Bush – père – , la parole de son secrétaire d’Etat James Addison Baker III et les statuts mêmes de l’organisation, mais provoquerait ainsi, jusqu’à un possible conflit de grande ampleur avec “l’advenance” d’un pays de l’OTAN directement frontalier d’avec la Russie, ce qui équivaudrait à une déclaration de guerre.[*1]

Le mérite de l’ouvrage de l’introduction dans la Constitution de l’engagement à faire entrer officiellement l’Ukraine dans l’OTAN revient tout particulièrement au Président du Parlement monocaréral (la Rada), Andriy Volodymyrovytch Paroubiy, co-fondateur en 1991 du Parti social-nationaliste d’Ukraine (Svoboda), copié, de manière parfaitement assumée, sur le modèle du Parti National-Socialiste d’Adolf Hitler.
Chef des formations paramilitaires néonazies, utilisées en 2014 lors du putsch de la Place Maïdan, sous la direction du tandem USA/OTAN, et lors du massacre d’Odessa, il est aussi le chef du Conseil de la sécurité nationale et de la défense qui, avec le Bataillon Azov et d’autres unités néonazies, attaquent les civils ukrainiens de nationalité russe dans la partie orientale du pays et se livrent, avec ses escadrons, à des exactions féroces, à des saccages de sièges politiques et à des autodafés, dans un véritable style d’inspiration nazi.

Pour rester sur l’aspect idéologique de la politique menée dans ce pays, ce gouvernement, comme la Rada, sont pleinement soutenus par presque toutes les élites politiques européennes qui pourtant, ne manquent jamais de s’offusquer au moindre acte antisémite ayant lieu dans leur pays respectif, à commencer par l’ensemble de la Commission européenne – constituée de personnalités non-élues par les peuples d’Europe – , les dirigeants allemands – Merkel en tête -, polonais – l’histoire n’a pas l’air d’avoir été retenue – , et français – dans une quasi-unanimité allant de la droite à la gauche -.

L’inclusion dans la Constitution ukrainienne de l’engagement à entrer officiellement dans l’OTAN comporte des conséquences très graves:

  • Sur le plan intérieur: Il aliène à ce choix l’avenir de l’Ukraine, en excluant toute alternative, et met, de fait, hors la loi tout parti ou personne qui s’oppose au “cours stratégique de l’État”. Aujourd’hui déjà, la Commission électorale centrale interdit à Petro Simonenko, Secrétaire Général du Parti Communiste d’Ukraine, de participer aux élections présidentielles de mars.
  • Sur le plan international: On garde à l’esprit que l’Ukraine est déjà, de fait, dans l’OTAN, dont elle est un pays partenaire et un larbin de l’ombre, à l’exemple du Bataillon Azoz dont l’empreinte nazie est représentée par l’emblème calqué sur celui des SS Das Reich, et qui a été transformé en Régiment d’Opérations Spéciales, doté de véhicules blindés “occidentaux” et entraîné par les instructeurs américains de la 173ème brigade aéroportée (173rd Airborne Brigade Combat Team), transférés en Ukraine depuis la Caserma Elderme à Vicence, en Italie où elle est en partie basée, eux même secondés par d’autres instructeurs, appartenant ceux-là, à l’OTAN.

Comme la Russie est accusée par l’OTAN d’avoir annexé illégalement la Crimée [*2] et de mener des actions militaires contre l’Ukraine, si celle-ci entrait officiellement dans l’OTAN, les 30 autres membres de l’Alliance Atlantique devraient l’assister, sur la base de l’Article 5 de son traité qui stipule: “Les parties conviennent qu’une attaque armée contre l’une ou plusieurs d’entre elles, survenant en Europe ou en Amérique du Nord, sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties, et en conséquence, elles conviennent que, si une telle attaque se produit, chacune d’elles, dans l’exercice du droit de légitime défense, individuelle ou collective, reconnu par l’article 51 de la Charte des Nations unies, assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt, individuellement et d’accord avec les autres parties, telle action qu’elle jugera nécessaire, y compris l’emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région de l’Atlantique-Nord.”
Autrement dit, les trente autres membres devraient partir en guerre contre la Russie, à l’heure même où, forte de cette promesse à venir, l’Ukraine multiplie ses provocations et ses exactions envers les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, dans la region du Donbass, ce, dans le cadre du conflit ukrainien.

Sur ces dangereuses implications de la modification de la Constitution ukrainienne, derrière laquelle se tiennent assurément les stratèges du binôme USA/OTAN, est tombé en Europe un lourd, pesant et assourdissant silence politique et médiatique, y compris et surtout de la part du parlement italien, qui en 2017, a établi un accord d’entente avec le parlement ukrainien, souscrit par la Présidente de la Chambre des Députés, l’Ecosocialiste-libertaire-mondialiste Laura Boldrini et Andriy Paroubiy.

Ainsi se trouve renforcée la coopération entre la République italienne, née de la résistance contre le nazisme et le fascisme, et un régime qui a créé en Ukraine une situation analogue à celle qui conduisit à l’avènement même du fascisme dans les années vingt et du nazisme dans les années trente.
Une antonymie duale politique qui pourrait presque prêter à rire pour son côté grotesque si elle n’en était pas si dramatique dans sa finalité éventuelle.

Source de Manlio Dinucci pour le journal “Il Manifesto” et contacts directs depuis la République populaire de Donetsk

Source traduite en français

[*1] Le Protocole de Minsk, ultérieurement connu sous le nom de Minsk I, ainsi que le Mémorandum de suivi de Minsk de septembre 2014 et l’”Ensemble de mesures pour l’application des Accords de Minsk”, soit “les accords” Minsk II, sont des accords passés entre l’Ukraine et la Russie pour résoudre le conflit en Ukraine orientale.
Le 5 septembre 2014, les représentants du Groupe de contact trilatéral sur l’Ukraine – Russie, Ukraine et OSCE, Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe – , réunis sous les auspices de l’OSCE, ont signé à Minsk, capitale de la Biélorussie, le Protocole éponyme, ultérieurement appelé Minsk I. Des représentants des “républiques populaires” autoproclamées de Donetsk et de Luhansk (RPD et RPL) ont eux aussi signé ledit protocole.

Le Protocole de Minsk était un accord de cessation des hostilités dans le Donbass, en Ukraine orientale. Dans ses détails, le Protocole de Minsk ressemblait beaucoup au “plan de paix en 15 points” que le président ukrainien Porochenko – lui concédant donc ainsi du crédit malgré ses provocations permanentes – avait proposé le 20 juin 2014. Il a été complété le 19 septembre 2014 par un Mémorandum qui précisait les conditions d’un cessez-le-feu. Si l’Accord n’est pas parvenu à mettre un terme aux combats, il en a sensiblement diminué l’intensité dans la zone des conflits pendant quelques mois, jusqu’à ce qu’il échoue en décembre 2014-janvier 2015.
Le 11 février 2015, un second Accord de Minsk a été signé par le Groupe de contact trilatéral et, à nouveau, par les représentants de la RPD et de la RPL. La signature avait été précédée d’un sommet des chefs d’État ukrainien, russe, français et allemand, qui ont convenu de mesures pour remédier aux souffrances causées par la guerre dans le Donbass. Minsk II était censé réactiver Minsk I.

Le Protocole de Minsk I comprend 12 points, qui peuvent se diviser en quatre groupes:

  • Mesures de sécurité:
    • Négocier un cessez-le-feu bilatéral;
    • Retirer les armes lourdes de la ligne de contact;
    • Permettre à l’OSCE de contrôler le cessez-le-feu;
    • Retirer les unités armées et le matériel militaire étrangers, désarmer les groupes illégaux;
    • Rendre à l’Ukraine le contrôle de sa frontière au lendemain des élections dans les ORDLO (territoires occupés de l’Est de l’Ukraine);
  • Règlement politique du conflit:
    • Décentralisation du pouvoir en Ukraine par un amendement à la Constitution;
    • Adoption par l’Ukraine d’une loi relative au statut spécial des ORDLO;
    • Organisation d’élections locales dans ces régions aux termes de la nouvelle loi;
    • Octroi par l’Ukraine d’une amnistie aux participants au conflit;
  • Mesures économiques:
    • Rétablissement des liens socio-économiques avec l’Ukraine, notamment en matière de fiscalité et de système bancaire;
  • Mesures humanitaires:
    • Rendre possible la distribution d’une aide humanitaire;
    • Procéder à des échanges d’otages et de prisonniers sur une base “tous contre tous”.

On notera que le point sur le retrait des unités armées étrangères vise clairement les forces armées russes et autres ressortissants russes, ainsi que le matériel militaire russe.
Bien que les accords Minsk I et Minsk II soient essentiellement les mêmes, Minsk II fournit davantage de précisions sur les mesures à prendre pour parvenir à la paix et donne des délais précis de mise en œuvre. Par exemple, l’échange des prisonniers doit avoir lieu dans les cinq jours qui suivent le retrait des armes, le Parlement ukrainien doit adopter dans les trente jours une résolution spécifiant la zone dotée d’un régime spécial, et doit pouvoir contrôler sa frontière dès le lendemain des élections locales, l’Ukraine doit avoir procédé à la fin de 2015 à une réforme constitutionnelle qui fait de la décentralisation un élément essentiel, s’agissant notamment de l’autonomie des ORDLO.

[*2] La Russie est accusée d’annexion illégale de la Crimée alors même qu’une commission du parlement européen et une commission d’enquête de l’ONU constatent toutes deux que s’il y a bien eu quelques irrégularités lors du référendum internationalement normalisé, celles-ci ont été mineures et n’ont aucunement pu influer sur le résultat. Bien entendu, aucune conclusion de ces deux commissions n’ont été relayées dans la presse européenne mainstream et seul le député français Thierry Mariani, membre de la commission d’enquête du parlement, a tenté, presque en vain, de se faire entendre sur ce sujet.

J-P pour 5 Aces Média 17/02/2019

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