Psychopathologie du totalitarisme – Ariane Bilheran

Diplômée de l’École normale supérieure (Ulm), Ariane Bilheran est philosophe, psychologue clinicienne et docteur en psychopathologie. Elle est spécialisée dans l’étude de la psychopathologie du pouvoir, de la manipulation, de la perversion, de la paranoïa, du harcèlement et du totalitarisme.

S’il ne restait plus qu’une seule vidéo permettant de comprendre l’incompréhensible ce serait celle-ci. Cette dernière est absolument incontournable afin de prendre la dimension de ce que nous sommes en train de vivre en ces heures sombres. Elle répond pratiquement à toutes les questions que nous avons pu nous poser jusqu’à lors en tant qu’observateurs des événements qui se succèdent au vu et au su de tous depuis 2020. Malgré la gravité de ces événements et le rouleau compresseur qui semble passer sur les populations, une note d’espoir en seconde partie est exposée.

Le totalitarisme n’a jamais été complètement envisagé sous l’angle d’une maladie de civilisation, une pathologie collective délirante, du côté de la psychopathologie, avec les ramifications qui s’ensuivent.

C’est ce qu’Ariane Bilheran propose, avec cet essai psychologique et philosophique sur le pouvoir total en politique.

Psychopathologie du totalitarisme

Elle démontre que le totalitarisme est un système paranoïaque dans lequel les pathologies perverses, sadiques, transgressives et psychopathes sont à l’honneur. La condition de survie de ce système est un mensonge premier qui est maintenu dans le secret, l’endoctrinement des masses à l’idéologie, la mise sous terreur des individus et des collectifs, entraînant tout à la fois sidération traumatique, jouissance pour certains et horreur pour d’autres.

L’accent est mis sur l’alliance pathologique entre la paranoïa et la perversion pour casser les liens et détruire la subjectivité et les corps des individus, réduits à l’état d’instruments ou pire, d’objets de marchandises inertes et interchangeables. Chacun est susceptible de se laisser entraîner dans la contagion délirante, dont les ressorts sont ici expliqués avec précision.

À partir de ce profond voyage dans la folie du pouvoir, l’auteur explore également les authentiques expériences spirituelles qui ont été faites au sein de l’enfer, comme autant de manifestations d’un cri humain qui rencontre sa liberté au cœur de son désespoir.

Au regard de ses travaux en psychopathologie, Ariane Bilheran considère que le totalitarisme correspond « à un délire paranoïaque », c’est-à-dire « une pathologie de contrôle » et « de persécution » des populations.

« La spécificité du totalitarisme consiste à viser la domination totale, notamment sur la vie intime des gens. Le totalitarisme s’approprie le corps des individus et les réduit à des corps que l’on peut anéantir. Dans le système totalitaire, l’être humain devient superflu »

Selon l’auteur, le totalitarisme fonctionne à l’idéologie – « une narration mensongère du point de vue de la vérité et de la réalité de l’expérience vécue » – et recourt à la propagande pour endoctriner les masses.

« Les masses sont fabriquées. Cette fabrication passe essentiellement par la propagande, c’est-à-dire la répétition permanente d’un mensonge. C’est un lavage de cerveau. Nous avons des boîtes à endoctrinement qui sont notamment la télévision, et tout le règne de l’image en général »

Outre le caractère mensonger des récits fabriqués par le pouvoir totalitaire, Ariane Bilheran relève le recours systématique aux paradoxes, qui permettent de sidérer la pensée, ainsi que la manipulation des émotions « à la terreur et à la culpabilité ».

« La langue totalitaire change le sens des mots et introduit une série de paradoxes qui empêchent d’avoir accès à une langue qui permet de nommer la vérité des choses et de l’expérience. Quand on appelle santé publique le fait de ne pas soigner des gens, par exemple, nous sommes dans un langage mensonger »

Inspirée par les travaux d’Hannah Arendt, la philosophe estime que « le système totalitaire est la rencontre entre un pouvoir cynique et corrompu, et une masse d’individus crédules et obéissants ».

« L’individu, parce qu’il appartient à un groupe, parce qu’il ne veut pas sortir de cette appartenance, va accepter différentes situations intolérables. À partir du moment où il s’est engagé dans des actes, c’est beaucoup plus difficile de faire machine arrière car il a accepté une collaboration et, inconsciemment, il est très compliqué pour lui d’assumer sa propre culpabilité »

Pour Ariane Bilheran, la lutte contre totalitarisme consiste notamment à sortir des conditionnements collectifs pour reprendre « son pouvoir personnel », cultiver sa liberté d’esprit et sa spontanéité afin de retrouver « le chemin de notre vie intime ».

« Nous avons affaire à un empoisonnement minutieux, généralisé, pas uniquement alimentaire, mais d’abord mental et émotionnel. La meilleure résistance au totalitarisme, c’est de nourrir l’âme humaine »

Elle conclue par:

« Tout le monde doit s’interroger sur ses actes, ses choix et ses prises de décision. À quel moment et pourquoi est-ce que je collabore à ce système totalitaire ? Est-ce que je le fais par peur ? Par culpabilité ? Pour être tranquille ? Parce que j’y crois ? Tout cela doit être clarifié »

Source de l’entretien: Epoch Times France

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